Randy { g u i t a r s }

Libre !

Voilà le mot qui résonnait dans son esprit en permanence.
6 mois, depuis qu’il avait fait sauter le mur de sa cellule. Libre, vraiment ? Traqué oui !

Devenu un fantôme, il demeurait toujours en mouvement. Ne pas parler, ne pas répondre, ne pas croiser les regards, ne pas rester, c’était ça sa liberté. Il devait se faire oublier, rester dans l’ombre, inconnu, invisible.

Aujourd’hui encore, il lui faudrait une nouvelle planque. Les gars en costard noir allaient pas tarder à débarquer et ils avaient la rage.
Faut dire qu’il avait fait tomber la merde par palettes en s’évadant la veille du procès, et le proc’ s’était chargé de diffuser sa gueule dans tout le pays et même au delà.
Penser à ce gros enfoiré et à son visage bouffi de colère le fit sourire.

Le passage du train, lent, en partance, le sortit de sa rêverie et il sauta, superbe de clandestinité, entre deux wagons.

Après un court moment, finalement rattrapé par ses nuits sans sommeil, il tomba d’épuisement.

À son réveil il était seul à bord, le train à l’arrêt, un soleil dur le frappant sèchement à travers la vitre sur laquelle s’était appuyé son front.

Rien à voir au dehors, hormis le sable qui s’étendait jusqu’à l’horizon. Et cette chaleur.
Putain cette chaleur…

Il prit son barda et sortit du train, méfiant et, comme toujours, à l’affût.
Une gare vide et poussiéreuse l’accueillit sans enthousiasme, mais il fût reconnaissant d’avoir atterri dans ce désert démographique d’un autre siècle.

“Me v’la dans un putain de Western ou quoi ?” siffla-t-il entre ses dents.

“Salut l’étranger” lui répondit une voix sur sa droite, qui ne manqua pas de le faire sursauter.

L’ homme était là, adossé à la bâtisse qui servait de gare. Comme déguisé en cowboy, tout en cuir, sueur et poussière, il redressait en le saluant le chapeau racorni qui lui cachait les yeux, une roulée fumante ornant le coin gauche de sa bouche.

“Qu’est-ce qui t’amène dans ce trou ?” Lui demanda cet homme étrange.

“M’est avis que c’est pas tes oignons mon pote.”

Ça le sera quand ils seront là pour ta peau d’évadé. Et tu peux me croire tu bougera pas d’ici. Ce sera un arbre et une corde, pour sûr.” Conclut l’homme en crachant, découvrant un instant ses yeux bleus perçants.

“Allez suis-moi l’étranger, j’ai à te causer”.

“Et merde”, songea-t-il.

Mais sans savoir pourquoi, pas encore, du moins, l’homme lui inspira confiance. Alors il chaussa ses lunettes noires et s’engagea avec lui sur l’unique route conduisant à la ville.

Ce fut une longue marche qui le questionna sur la véritable raison de sa venue ici, de cette rencontre presque irréelle.

Ça pouvait pas être une coïncidence bordel !

Ses vieux démons allaient le rattraper, tôt ou tard … devrait-il, encore, avoir à pactiser avec le diable ?…